[article]
Titre : |
Tout va bien : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Damien Delaunois, Auteur ; Sarah De Laet, Auteur ; Olivier Fourneau, Auteur ; [et al.], Auteur |
Année de publication : |
2021 |
Article en page(s) : |
p. 3/24 |
Langues : |
Français (fre) |
Sujets : |
droit au logement ; parking ; rapports jeunes-police
|
Résumé : |
"Soucieux de prolonger les réflexions entamées dans l’édition précédente, consacrée à la police en ville, nous avons donné la parole à un ancien commissaire, actuellement administrateur d’Inter-Environnement Bruxelles. Alors que le confinement (de la vie sociale) est jalonné d’épisodes rappelant la violence du « maintien de l’ordre », cet entretien revient sur la police de proximité et les enjeux soulevés par son érosion.
Ce Bruxelles en mouvements revient également sur l’urbanisation du bassin de Biestebroeck, qui présage une densification spectaculaire et aveugle aux besoins des quartiers concernés. L’opération immobilière Key West, récemment rebaptisée A’Rive, en offre une illustration édifiante. Alors que le droit à l’habitat des populations existantes s’érode, 40 % des logements proposés par le promoteur seront vendus à des investisseurs. Rappelons que le Plan Canal, qui a certes entériné et renforcé la spéculation sur ces espaces, visait sur le périmètre du Plan Particulier d’Affectation du Sol la construction de 2500 logements (et non 4000 comme c’est le cas actuellement), dont 30% de logements publics.
Autre témoin de la financiarisation grandissante du marché bruxellois, l’attention croissante envers la colocation – le coliving, pardon. Investisseurs institutionnels (entités privées en charge de la collecte et du placement de capitaux), banques et promoteurs se bousculent pour s’immiscer dans « une tendance d’habitat qui cartonne ». Si ces « colocations branchées dédiées aux jeunes actifs » se concentrent surtout dans l’est de la capitale, le phénomène devrait bientôt concerner des espaces où les prix immobiliers sont plus faibles. Le mois dernier, le gouvernement a annoncé une refonte importante du Règlement Régional d’Urbanisme et son intention de modifier certaines dispositions qui entravent ces « nouvelles » formes d’habitat. Aura-t-il l’audace de justifier son soutien à la récupération financière de la colocation en la présentant comme une « réponse » à la crise du logement abordable ?
C’est précisément en réponse à cette crise, et à la situation que connaissent les personnes migrantes, que s’est déployée la Campagne de Réquisitions Solidaires. Alors que la pandémie a exacerbé les inégalités sociales et que le nombre de sans-abris a explosé en Région bruxelloise (+30 % depuis 2018), est-il acceptable que des bâtiments – publics ou privés – soient vides, parfois depuis des années ? Face à l’inaction des pouvoirs publics, la Campagne a rassemblé des collectifs et des « citoyens » qui, malgré les risques de répression et de poursuites, se sont chargés eux-mêmes, à travers plusieurs occupations, de rendre effectif le droit au logement.
Ce BEM est aussi l’occasion de revenir sur la politique régionale en matière de stationnement et ses ambivalences. La réduction souhaitée du stationnement en voirie s’articule avec le développement de parkings souterrains censés assurer l’accessibilité du centre-ville et de zones commerciales locales (pensons à la place du Miroir et, bientôt, la place de la Vaillance). Or, une place de parking (même enterrée) demeure un incitant à l’usage de l’automobile, sans compter qu’à Bruxelles l’offre de stationnement est pléthorique – au point d’être supérieure à celle de la ville de Paris. De manière générale, la difficulté à réduire l’emprise du stationnement, si elle peut être partiellement imputée à la résistance d’autorités communales, doit être interprétée à la lumière d’une double contrainte : d’une part, l’intention de rendre la ville habitable dans le but d’y attirer des « classes moyennes contributives » et, d’autre part, celle de préserver la ville performante, à savoir ne pas trop entraver les déplacements sur lesquels repose en partie l’attractivité économique.
À propos de parkings, celui qu’Immobel entendait construire au Sablon a eu raison de son importante opération de démolition-reconstruction – le projet Lebeau, comprenant également logement, commerces et hôtel. En annulant une disposition du CoBAT qui affranchissait les promoteurs de réaliser une études d’incidences sur la construction de parkings de plus de 200 emplacements, la Cour constitutionnelle a en effet rendu caduque la demande de permis introduite par Immobel. Victoire pour les défenseurs de l’environnement, cette décision judiciaire ne doit pas faire oublier qu’une démolition-reconstruction n’est pas soumise à évaluation environnementale et qu’en l’état aucun outil juridique n’est en mesure d’y faire obstacle. Afin de mettre en lumière l’impact souvent désastreux de ce type d’opération, Inter-Environnement Bruxelles et l’Association du Quartier Léopold proposent un outil accessible pour en calculer le bilan CO2. Bon calcul et bonne lecture !" |
Note de contenu : |
Sommaire :
Le coliving : à la conquête de Bruxelles ? par Rosaline Fuss, Sarah De Laet
Couvrez ce parking que je… par Olivier Fourneau
Papiers et logement pour tou·tes ! par Pauline Feron
Démolition-reconstruction : quel bilan CO₂ ? par Damien Delaunois
Key West : un Far West immobilier à Biestebroeck par Claire Scohier
« Police de proximité » : plus on en parle, moins il y en a par Cataline Sénéchal, Patrick Wouters |
Permalink : |
https://www.cocof-cbdp.irisnet.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=22270 |
in Bruxelles en Mouvements > n°311 (avril / mai 2021) . - p. 3/24
[article] Tout va bien : dossier [texte imprimé] / Damien Delaunois, Auteur ; Sarah De Laet, Auteur ; Olivier Fourneau, Auteur ; [et al.], Auteur . - 2021 . - p. 3/24. Langues : Français ( fre) in Bruxelles en Mouvements > n°311 (avril / mai 2021) . - p. 3/24
Sujets : |
droit au logement ; parking ; rapports jeunes-police
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Résumé : |
"Soucieux de prolonger les réflexions entamées dans l’édition précédente, consacrée à la police en ville, nous avons donné la parole à un ancien commissaire, actuellement administrateur d’Inter-Environnement Bruxelles. Alors que le confinement (de la vie sociale) est jalonné d’épisodes rappelant la violence du « maintien de l’ordre », cet entretien revient sur la police de proximité et les enjeux soulevés par son érosion.
Ce Bruxelles en mouvements revient également sur l’urbanisation du bassin de Biestebroeck, qui présage une densification spectaculaire et aveugle aux besoins des quartiers concernés. L’opération immobilière Key West, récemment rebaptisée A’Rive, en offre une illustration édifiante. Alors que le droit à l’habitat des populations existantes s’érode, 40 % des logements proposés par le promoteur seront vendus à des investisseurs. Rappelons que le Plan Canal, qui a certes entériné et renforcé la spéculation sur ces espaces, visait sur le périmètre du Plan Particulier d’Affectation du Sol la construction de 2500 logements (et non 4000 comme c’est le cas actuellement), dont 30% de logements publics.
Autre témoin de la financiarisation grandissante du marché bruxellois, l’attention croissante envers la colocation – le coliving, pardon. Investisseurs institutionnels (entités privées en charge de la collecte et du placement de capitaux), banques et promoteurs se bousculent pour s’immiscer dans « une tendance d’habitat qui cartonne ». Si ces « colocations branchées dédiées aux jeunes actifs » se concentrent surtout dans l’est de la capitale, le phénomène devrait bientôt concerner des espaces où les prix immobiliers sont plus faibles. Le mois dernier, le gouvernement a annoncé une refonte importante du Règlement Régional d’Urbanisme et son intention de modifier certaines dispositions qui entravent ces « nouvelles » formes d’habitat. Aura-t-il l’audace de justifier son soutien à la récupération financière de la colocation en la présentant comme une « réponse » à la crise du logement abordable ?
C’est précisément en réponse à cette crise, et à la situation que connaissent les personnes migrantes, que s’est déployée la Campagne de Réquisitions Solidaires. Alors que la pandémie a exacerbé les inégalités sociales et que le nombre de sans-abris a explosé en Région bruxelloise (+30 % depuis 2018), est-il acceptable que des bâtiments – publics ou privés – soient vides, parfois depuis des années ? Face à l’inaction des pouvoirs publics, la Campagne a rassemblé des collectifs et des « citoyens » qui, malgré les risques de répression et de poursuites, se sont chargés eux-mêmes, à travers plusieurs occupations, de rendre effectif le droit au logement.
Ce BEM est aussi l’occasion de revenir sur la politique régionale en matière de stationnement et ses ambivalences. La réduction souhaitée du stationnement en voirie s’articule avec le développement de parkings souterrains censés assurer l’accessibilité du centre-ville et de zones commerciales locales (pensons à la place du Miroir et, bientôt, la place de la Vaillance). Or, une place de parking (même enterrée) demeure un incitant à l’usage de l’automobile, sans compter qu’à Bruxelles l’offre de stationnement est pléthorique – au point d’être supérieure à celle de la ville de Paris. De manière générale, la difficulté à réduire l’emprise du stationnement, si elle peut être partiellement imputée à la résistance d’autorités communales, doit être interprétée à la lumière d’une double contrainte : d’une part, l’intention de rendre la ville habitable dans le but d’y attirer des « classes moyennes contributives » et, d’autre part, celle de préserver la ville performante, à savoir ne pas trop entraver les déplacements sur lesquels repose en partie l’attractivité économique.
À propos de parkings, celui qu’Immobel entendait construire au Sablon a eu raison de son importante opération de démolition-reconstruction – le projet Lebeau, comprenant également logement, commerces et hôtel. En annulant une disposition du CoBAT qui affranchissait les promoteurs de réaliser une études d’incidences sur la construction de parkings de plus de 200 emplacements, la Cour constitutionnelle a en effet rendu caduque la demande de permis introduite par Immobel. Victoire pour les défenseurs de l’environnement, cette décision judiciaire ne doit pas faire oublier qu’une démolition-reconstruction n’est pas soumise à évaluation environnementale et qu’en l’état aucun outil juridique n’est en mesure d’y faire obstacle. Afin de mettre en lumière l’impact souvent désastreux de ce type d’opération, Inter-Environnement Bruxelles et l’Association du Quartier Léopold proposent un outil accessible pour en calculer le bilan CO2. Bon calcul et bonne lecture !" |
Note de contenu : |
Sommaire :
Le coliving : à la conquête de Bruxelles ? par Rosaline Fuss, Sarah De Laet
Couvrez ce parking que je… par Olivier Fourneau
Papiers et logement pour tou·tes ! par Pauline Feron
Démolition-reconstruction : quel bilan CO₂ ? par Damien Delaunois
Key West : un Far West immobilier à Biestebroeck par Claire Scohier
« Police de proximité » : plus on en parle, moins il y en a par Cataline Sénéchal, Patrick Wouters |
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